Albert Cossery
- Mendiants et orgueilleux
Qu'ils deviennent tous des mendiants. Ne suis-je pas moi-même un mendiant ? Quand nous aurons un pays où le peuple sera uniquement composé de mendiants, tu verras ce que deviendra cette superbe domination. Elle tombera en poussière. Crois-moi.
Victor Hugo
- Les Misérables − Fantine
L'œil de l'esprit ne peut trouver nulle part plus d'éblouissements ni plus de ténèbres que dans l'homme ; il ne peut se fixer sur aucune chose qui soit plus redoutable, plus compliquée, plus mystérieuse et plus infinie. Il y a un spectacle plus grand que la mer, c'est le ciel ; il y a un spectacle plus grand que le ciel, c'est l'intérieur de l'âme.
Victor Hugo
- Discours d'ouverture du Congrès littéraire international de 1878
Le livre, comme livre, appartient à l'auteur, mais comme pensée, il appartient - le mot n'est pas trop vaste - au genre humain. Toutes les intelligences y ont droit. Si l'un des deux droits, le droit de l'écrivain et le droit de l'esprit humain, devait être sacrifié, ce serait, certes, le droit de l'écrivain, car l'intérêt public est notre préoccupation unique, et tous, je le déclare, doivent passer avant nous.
Voltaire
- Candide, ou l'Optimisme
Rien n'était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons formaient une harmonie telle qu'il n'y en eut jamais en enfer.
Homère
- L’Odyssée
Tous les héros de la grande guerre de Troie, tous ceux du moins qui avaient fui la mort, réchappant du combat et de la mer, tous étaient rentrés chez eux. Mais lui, le divin Ulysse, loin de son pays et de sa femme, il était prisonnier de la nymphe Calypso qui brûlait d'en faire son époux. Dans son royaume, en Ithaque, personne ne croyait plus au retour du héros.
Charles Baudelaire
- Les métamorphoses du vampire
Je fermai les deux yeux, dans ma froide épouvante, et quand je les rouvris à la clarté vivante, à mes côtés, au lieu du mannequin puissant qui semblait avoir fait provision de sang, tremblaient confusément des débris de squelette, qui d'eux-mêmes rendaient le cri d'une girouette ou d'une enseigne, au bout d'une tringle de fer, que balance le vent pendant les nuits d'hiver.
Diogène de Sinope
- Diogène et les figues
Platon, voyant un matin Diogène manger des figues sèches, s'approcha de lui. - Sers-toi, si tu veux en goûter ! Comme il n'en restait qu'une poignée, le philosophe les mangea. Et le gueux de protester : - Je t'avais proposé de les goûter pas de t'en goinfrer !
Robert Lawrence Stine
- terreur à Panik Park !
La Menace ! Il était vêtu de noir des pieds à la tête. Son costume, sa cravate, sa chemise, ses gants, ses chaussures, tout était noir corbeau. Un chapeau noir à larges bords dissimulait complètement son visage. Comme il n'y avait aucun siège nulle part, nous étions debout, serrés les uns contre les autres.
Céline
- Voyage au bout de la nuit
Figurez-vous qu'elle était debout leur ville, absolument droite. New York c'est une ville debout. On en avait déjà vu nous des villes bien sûr, et de belles encore, et des ports et des fameux même. Mais chez nous, n'est-ce pas, elles sont couchées les villes, au bord de la mer ou sur les fleuves, elles s'allongent sur le paysage, elles attendent le voyageur, tandis que celle-là l'Américaine, elle ne se pâmait pas, non, elle se tenait bien raide, là, pas baisante du tout, raide à faire peur.
Yves Pedrazzini
- La violence des villes; Chapitre III - Urbanisme de l'opprimé
Chacun de nous a une idée, plus ou moins claire, de ce qu'est une métropole, de ses qualités et de ses défauts. On peut voir la métropole comme le parfait achèvement de la civilisation moderne, le réceptacle de toutes les énergies créatives, ou comme un collage, apparemment fait par un idiot, de morceaux de territoires qui ne se joignent pas, si ce n'est alors pour s'affronter, et ne signifiant rien, comme la nécropole où dormira bientôt le genre humain.
Maurice Leblanc
- Arsène Lupin - L'Aiguille creuse
En face d'elles, à trois pas, il y avait un homme qui tenait à la main une lanterne. D'un geste, il la dirigea sur les deux jeunes filles, les aveuglant de lumière, regarda longuement leurs visages, puis sans se presser, avec les mouvements les plus calmes du monde, il prit sa casquette, ramassa un chiffon de papier et deux brins de paille, effaça des traces sur le tapis, s'approcha du balcon, se retourna vers les jeunes filles, les salua profondément, et disparut.
Balzac
- Le curé de Tour
L'abbé Birotteau, petit homme court, de constitution apoplectique, âgé d'environ soixante ans, avait déjà subi plusieurs attaques de goutte. Or, entre toutes les petites misères de la vie humaine, celle pour laquelle le bon prêtre éprouvait le plus d'aversion, était le subit arrosement de ses souliers à larges agrafes d'argent et l'immersion de leurs semelles.
Balzac
- Le curé de Tours
Au commencement de l'automne de l'année 1826, l'abbé Birotteau, principal personnage de cette histoire, fut surpris par une averse en revenant de la maison où il était allé passer la soirée. Il traversait donc aussi promptement que son embonpoint pouvait le lui permettre, la petite place déserte nommée le Cloître, qui se trouve derrière le chevet de Saint-Gatien, à Tours.
Bible de Jérusalem
- Genèse 1.1-5
Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l'abîme, un vent de Dieu tournoyait sur les eaux. Dieu dit : "Que la lumière soit" et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière et les ténèbres. Dieu appela la lumière "jour" et les ténèbres "nuit". Il y eut un soir et il y eut un matin : premier jour.
Jules Vernes
- Le tour du monde en quatre-vingt jours (4)
Phileas Fogg, carrément assis dans son fauteuil, les deux pieds rapprochés comme ceux d'un soldat à la parade, les mains appuyées sur les genoux, le corps droit, la tête haute, regardait marcher l'aiguille de la pendule, appareil compliqué qui indiquait les heures, les minutes, les secondes, les jours, les quantièmes et l'année. À onze heures et demie sonnant, Mr. Fogg devait, suivant sa quotidienne habitude, quitter la maison et se rendre au Reform-Club.
Jules Vernes
- Le tour du monde en quatre-vingt jours (3)
Ce Phileas Fogg était-il riche ? Incontestablement. Mais comment il avait fait fortune, c'est ce que les mieux informés ne pouvaient dire, et Mr. Fogg était le dernier auquel il convînt de s'adresser pour l'apprendre. En tout cas, il n'était prodigue de rien, mais non avare, car partout où il manquait un appoint pour une chose noble, utile ou généreuse, il l'apportait silencieusement et même anonymement.
Jules Vernes
- Le tour du monde en quatre-vingt jours (2)
Phileas Fogg était membre du Reform-Club, et voilà tout. À qui s'étonnerait de ce qu'un gentleman aussi mystérieux comptât parmi les membres de cette honorable association, on répondra qu'il passa sur la recommandation de MM. Baring frères, chez lesquels il avait un crédit ouvert. De là une certaine "surface", due à ce que ses chèques étaient régulièrement payés à vue par le débit de son compte courant invariablement créditeur.
Jules Vernes
- Le tour du monde en quatre-vingt jours
En l'année 1872, la maison portant le numéro 7 de Saville-row, Burlington Gardens - maison dans laquelle Sheridan mourut en 1814 -, était habitée par Phileas Fogg, esq., l'un des membres les plus singuliers et les plus remarqués du Reform-Club de Londres, bien qu'il semblât prendre à tâche de ne rien faire qui pût attirer l'attention.
Plutarque
- Comment écouter
Combien de gens se font du tort, parce qu'ils veulent s'exercer à discourir, avant d'avoir su tirer les fruits d'une leçon d'écoute. Ils se figurent que l'usage de la parole requiert apprentissage et pratique tandis que l'audition, elle, est une éternelle source de profit, quelle que soit la manière de s'en servir.
anonyme
- pangramme
Voici un pangramme qui devrait vous donner du fil à retordre : "Dès Noël où un zéphyr haï me vêt de glaçons würmiens je dîne d'exquis rôtis de bœuf au kir à l'aÿ d'âge mûr et cætera !"