Alfred de Musset
- Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée
Qu'il arrive ici une visite, vous allez peut-être avoir de l'esprit ; mais je suis seule, vous voilà plus banal qu'un vieux couplet de vaudeville ; et vite, vous abordez votre thème, et, si je voulais vous écouter, vous m'exhiberiez une déclaration, vous me réciteriez votre amour. Savez-vous de quoi les hommes ont l'air en pareil cas ?
George Sand
- Lettre de George Sand à Alfred de Musset
Tu te sentais jeune, tu croyais que la vie et le plaisir ne doivent faire qu'un. Tu te fatiguais à jouir de tout, vite et sans réflexion... Suspendu entre la terre et le ciel, avide de l'un, curieux de l'autre, dédaigneux de la gloire, effrayé du néant, incertain, tourmenté, changeant, tu vivais seul au milieu des hommes ; tu fuyais la solitude et la trouvais partout.
Georges Duby
- Le dimanche de Bouvines - 27 juillet 1214
Les événements sont comme l'écume de l'histoire, des bulles, grosses ou menues, qui crèvent en surface, et dont l'éclatement suscite des remous qui plus ou moins loin se propagent. Celui-ci a laissé des traces très durables : elles ne sont pas aujourd'hui tout à fait effacées. Ces traces seules lui confèrent existence. En dehors d'elles, l'événement n'est rien. Donc c'est d'elles, essentiellement, que ce livre entend parler.
Georges Duby
- Le temps des cathédrales. L'art et la société, 980-1420
À ce moment, dans Florence, alors que Ghiberti s'apprêtait à rédiger sur son œuvre des Commentaires, comme César sur ses victoires, Masaccio plaçait son propre visage parmi celui des apôtres du Tribut. Un visage d'homme. Le visage aussi de la liberté de l'artiste.
Georges Duby
- Le mariage au moyen âge
C'est le mariage qui fait le pouvoir : le chevalier ne convoite une femme que pour les richesses qu'elle peut lui apporter et celui qui réussit un bon mariage se hausse au rang des puissants.
Frison Roche
- La grande crevasse
Point n'est besoin de parler. Leurs cœurs battent à l'unisson. Pour Zian, cette heure restera marquée dans sa vie comme une double réussite ; il a conquis un cœur, l'a rendu à la vérité. Il a voulu faire aimer la montagne et, à travers la montagne, c'est lui qu'on aime, et il aime aussi. En cette cristalline matinée, il se sent plus riche que nul être au monde. C'est bien un royaume qu'il offre à Brigitte.
Frison Roche
- Premier de cordée
À cet endroit, la muraille semble, par un effet de perspective, se retourner sur elle-même, se ployer, s'effiler, et, prenant son élan sur ses larges bases bien étagées jusqu'aux vallées glaciaires, elle se redresse d'un jet jusqu'au ciel qu'elle troue d'un seul coup, semblant vouloir atteindre les au-delà mystérieux ; le grimpeur se trouve bien petit, minuscule, tout écrasé qu'il est par les dimensions inhumaines de la montagne.
Frison Roche
- Premier de cordée
Le drame était sur la montagne, mais impavide et souveraine, elle montait la garde sur les vallées d'alentour, insensible aux pensées des hommes qui gîtaient dans ses flancs, frileusement pelotonnés dans leurs cabanes de pierre.
Comtesse de Ségur
- Les malheurs de Sophie
Mon Dieu, mon Dieu ! qu'ai-je fait ? dit-elle. Je ne voulais qu'y goûter, et j'ai presque tout mangé. Maman va s'en apercevoir dès qu'elle ouvrira la boîte ; elle devinera que c'est moi. Que faire, que faire ?... Je pourrais bien dire que ce n'est pas moi ; mais maman ne me croira pas...
Michel Eyquem de Montaigne
- Essais
Toutes les opinions du monde en sont là, que le plaisir est notre but, quoiqu'elles en prennent divers moyens ; autrement, on les chasserait d'arrivée, car qui écouterait celui qui pour sa fin établirait notre peine et mésaise ?
Michel Eyquem de Montaigne
- Essais
Je veux qu'on agisse, et qu'on allonge les offices de la vie tant qu'on peut, et que la mort me trouve plantant mes choux, mais nonchalant d'elle, et encore plus de mon jardin imparfait.
Pierre de Ronsard
- Abrégé de l'art poétique français
La Poésie n'était au premier âge qu'une théologie allégorique, pour faire entrer au cerveau des hommes grossiers par fables plaisantes et colorées les secrets qu'ils ne pouvaient comprendre.
François Rabelais
- Pantagruel
Mais par ce que selon les dires du Sage Salomon, Sapience n'entre point en âme malveillante, et science sans conscience n'est que ruine de l'âme, il te convient servir, aimer et craindre Dieu, et en lui remettre toutes tes pensées et tout ton espoir ; et par une foi charitable, lui être fidèle, en sorte que jamais tu ne t'en écartes par péché.
Alphonse de Lamartine
- Des destinées de la poésie
La poésie est la langue de tous les âges de l'humanité, naïve et simple au berceau des nations, conteuse et merveilleuse comme la nourrice au chevet de l'enfant.
Alphonse de Lamartine
- Méditation XIX
Mon âme est un rayon de lumière et d'amour, qui du foyer divin détaché pour un jour, de désirs dévorants loin de toi consumée, brûle de remonter à sa source enflammée.
Honoré de Balzac
- La Musique
La musique s'adresse au cœur, tandis que les écrits ne s'adressent qu'à l'intelligence ; elle communique immédiatement ses idées, à la manière des parfums.
Bernard Pivot
- Extrait de la dictée de 2015
Excellentes pour la peau, les sudations sur le tatami ou sur le trampoline ! Nous éviterons ainsi les acnés inattendues, les urticaires inopinées, les érythèmes spontanés. Finies les mines pâlottes, les bouillottes, les marmottes ! Du sang ! Du souffle ! Rangés, les écharpes effrangées de tussah, les manteaux en breitschwanz. Peu nous chaut la soie thermogène ! Tonifié, musclé par les exercices, le corps exulte.
Max Théon et la philosophie cosmique
- Pascal Thémanlys
Si le culte des personnalités a souvent divisé les doctrines et les groupements, il n'en demeure pas moins vrai que ce sont les individualités supérieures qui manifestent l'Universel, comme le dit une belle parole de la Tradition Cosmique (Chroniques de Chi) : "Les petites individualités chantent les grandes, et les grandes individualités chantent ce qui est cosmique."
Bernard Pivot
- Extrait de la dictée de 2001
Sur les quais, la foule agglutinée qui lance à cor et à cri un au revoir aux équipages annonce l'imminence du départ. "Ohé !" Des mains et des mouchoirs, semblables à des oriflammes bariolées, sont agités par la famille, les amis, des enfants... Puis les ancres surjalées sont relevées : "Larguez les amarres !"