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Guillaume NICLOUX - Le pêcheur (suite 2)
Il n'avait pas d'amis, pas d'ennemis, pas d'enfants. Pas de maîtresses. Il se rendait bien tous les mois près de la gare de l'Est, à pied évidemment, pour rencontrer les femmes. Mais ses consultations mensuelles demeuraient strictement hygiéniques. C'était pour son bien, pour sa santé mentale, car sa petite soixantaine n'affectait en rien ses désirs copulatoires.

Guillaume NICLOUX - Le pêcheur (suite 1)
Qu'il vente ou qu'il pleuve, l'homme bravait les intempéries, sortait de son appartement situé rue de la Liberté et rejoignait son domaine. La besace remplie de victuailles, il se dirigeait d'un bon pas vers son repaire et, telle la murène, il prenait place entre les deux pylônes de grès, à l'abri des regards de curieux. Il disposait un coussin brodé sur la pierre glacée et lançait sa courte ligne dans le canal à la recherche de poissons gourmands.

Guillaume NICLOUX - M. Siméon
Monsieur Siméon avait les cheveux tout gris, les yeux très bleus et la barbe brune. Il sentait l'eau de Cologne avariée et portait toujours les mêmes vêtements. C'est ce que les gens qui ne le connaissaient pas, pouvaient penser de lui. En fait, il possédait en plusieurs exemplaires un modèle unique de veste, de chemise et de pantalon, comme Albert Einstein car il était très propre, mais très triste aussi.

Guillaume NICLOUX - Le pêcheur
C'était son coin. Au bord du canal de l'Ourcq, Quai de l'Aisne, pas loin de l'église de Pantin, juste après le pont Delizy. Il avait sa borne à lui, son territoire de chasse. Son petit siège naturel où il venait poser ses fesses tous les matins, avant que le jour se lève sur la glorieuse cité. M. Siméon, veuf et retraité des Postes et Télécommunications, ne manquait jamais un seul rendez-vous.

François COPPÉE (1842-1908) - Je suis un pâle enfant du vieux Paris...
Je suis un pâle enfant du vieux Paris, et j'ai le regret des rêveurs qui n'ont pas voyagé. Au pays bleu mon âme en vain se réfugie, elle n'a jamais pu perdre la nostalgie des verts chemins qui vont là-bas, à l'horizon. Comme un pauvre captif vieilli dans sa prison se cramponne aux barreaux étroits de sa fenêtre pour voir mourir le jour et pour le voir renaître.

Charles d'Orléans - Le temps a laissé son manteau
Le temps a laissé son manteau, de vent, de froidure et de pluie, et s'est vêtu de broderie, de soleil brillant, clair et beau. Il n'y a bête, ni oiseau, qui en son jargon ne chante ou crie le temps a laissé son manteau, de vent, de froidure et de pluie. Rivière, fontaine et ruisseau, portent, en livrée jolie, gouttes d'argent, d'orfèvrerie ; chacun s'habille de nouveau le temps a laissé son manteau.

Joachim DU BELLAY - D'un vanneur de blé aux vents
A vous, troupe légère, Qui d'aile passagère Par le monde volez, Et d'un sifflant murmure L'ombrageuse verdure Doucement ébranlez, J'offre ces violettes, Ces lis et ces fleurettes, Et ces roses ici, Ces vermeillettes roses, Tout fraîchement écloses, Et ces œillets aussi. De votre douce haleine, Éventez cette plaine, Éventez ce séjour, Cependant que j'ahane A mon blé que je vanne, A la chaleur du jour.